Le collège de Bourbriac m’a demandé d’accompagner ses élèves de 5ème sur un projet interdisciplinaire:
Réaliser un carnet de voyage d’une expédition imaginaire
(depuis la Rome antique ici)
Plusieurs méthodes de travail:
•S’inspirer de ce que l’on connait, autour de soi, souvenirs, fictions
•Se documenter et “copier” des images préexistantes, s’en inspirer pour rendre crédible son histoire
•Partir sur l’imagination, et ensuite corriger en se documentant dans un deuxième temps pour étayer le réalisme
Sachant que les univers imaginaires naissent le plus souvent de l’association de plusieurs éléments éloignés comme par exemple le médiéval et l’espace, ou la préhistoire et la magie, etc etc L’important ensuite est de le rendre crédible et cohérent pour qu’on aie envie de s’immerger dedans.
J’ai pensé à ce plan en 7 points (et tenter d’en illustrer au moins 3 sur les 5 numérotés):
-avoir en tête et exposer le but de l’expédition
1-Le “héros”, sujet à la première personne : qui va rapporter cette histoire?
Contenu de son paquetage: lister/décrire un peu les vivres, animaux, hommes (et leurs fonctions), accessoires (défense/chasse, nourriture, vêtements, sciences ou outils d’observations…)
2-carte illustrant le trajet envisagé (et ou celui réalisé, peut-être que ça change en cours de route?)
3-moyen(s) de transport
4-paysages rencontrés (faune, flore, géologie, météo)
5-rencontres: personnes, chefs, peuple, rien car désert, trésor, surprise, accident…
-et donc établir un bilan, au retour du voyage, des comptes rendus aux autorités ou…
VOICI DONC DE QUOI S’INSPIRER, des réflexions et exemples en vrac:
Le But
Expédition d’exploration du monde: aventure d’aller là où d’autres ne sont, à notre connaissance, jamais allé, même si sur place des autochtones sont installés, ou dans des espaces inhospitaliers, ou simplement vierges de vie humaine.
Colonisation d’un territoire (déjà conquis sans doute afin d’éviter de raconter des conflits, pas le propos a priori): aller investir les lieux au sein d’une autre civilisation par exemple.
Voyage d’agrément? Message ou soutien à porter à des amis ou compatriotes exilés?
But scientifique ou commercial? Ravitailler, aller rechercher quelque chose, une information ou un bien précieux qui mérite la mise en place d’une telle expédition au péril de sa vie?
1-Le “héros”
a•Qui parle? D’où vient-il? Quel métier exerce-t-il? Pourquoi part-il en voyage? Avec qui? Qu’est-ce qu’il en attend? Comment est-il habillé?
b•Qu’emmène-t-il avec lui? Avec qui fait-il route? Dans quelles conditions? Quel est le contenu de leurs bagages?
Ça rejoint le point 3 du moyen de transport également, mais j’ai séparé celui-ci car esthétiquement et narrativement c’est sans doute un point important qui mérite autant d’attention car il peut générer des problèmes ou du moins influencer l’histoire.
Représenter peut-être le héros “en pieds” (de la tête aux pieds), ou directement sur son véhicule, comme ici une héroïne viking et son attirail:
ou sur son destrier comme ici, le “skybax” dans le Dinotopia de James Gurney:
Contenu des bagages: je pense à faire l’article ou juste représenter un ustensile important. Par exemple le contenu d’un sac à pharmacie militaire ici:
ou une image que l’on retrouve souvent chez les carnettistes modernes: on dessine ses outils à dessin:
sur la Rome Antique (base de votre projet) j’ai trouvé ce document:
Je trouve intéressant de dessiner un objet, ou une mascotte, un blason, une arme, de la nourriture – ça peut rendre plus crédible notre histoire de se focaliser sur un tel “détail” comme en gros plan.
2-La Cartographie
Partir de sa maison et aller à l’autre bout du monde, ou dans des espaces imaginaires (sous-sol, espace…): il faut planifier, anticiper les obstacles etc.
Dessiner ainsi une carte, même décalquée ou juste imprimée, avec le point de départ et celui d’arrivée. Les étapes éventuelles. Cela permettra au lecteur de mieux se repérer (les noms, les mers, rivières, montagnes etc.).
Inventer une carte, avec le point de départ connu (Rome, en Italie?), mais le monde d’arrivée imaginaire. Ou simplement essayer de cartographier le seul pays imaginaire comme par exemples:
Les vieilles cartes des explorateurs et leurs approximations, leurs fantaisies superstitieuses:
ou tout simplement le trajet, indiqué en pointillés rouges, comme dans les films d’Indiana Jones:
3-Le moyen de transport
Machine ou animal, mélange des deux? Le moyen de transport doit évidemment être adapté au trajet à effectuer (air, mer, sous-sol, ou terre bien sûr, mais plus ou moins chaotique).
Je pense donc au génie de Léonard De Vinci et ses nombreuses inventions, aux esthétiques déjà très “steampunk” reprises souvent plus ou moins consciemment par les artistes depuis:
Quand on pense explorateur, on pense Christophe Colomb, John Smith & Pocahontas, Jacques Cartier, James Cook, la piraterie, les caravelles:
Mais donc aussi Jules Verne, Stevenson, et l’arrivée du steampunk, comme les machines d’Albert Robida:
Les porteurs esclaves, sherpas, les caravanes de dromadaires ou de chameaux:
Le problème, comme toujours est l’embarras du choix:
4-Les Paysages
Il est indispensable de décrire, et donc illustrer l’environnement dans lequel nous souhaitons plonger notre futur lecteur: c’est ce qu’il attend, le dépaysement, être surpris. Il s’agit donc encore une fois de bien visualiser, s’inspirer d’univers déjà imaginés ou des paysages existants sur terre. Montagnes, mers, déserts, jungles, steppes, savanes, volcan, étonnante autre planète?
Toujours pareil, regarder sur le net, ou dans des catalogues d’agences de voyages, des documentaires, des cartes postales:
https://www.nationalgeographic.fr/voyages-et-aventures
5-Les rencontres, surprises etc
Là libre à chacun de proposer ce que l’on va croiser, ça rejoint le but de l’expédition, sans doute.
Je pense à Charles Darwin, ou l’ornithologue John James Audubon, partis explorer la faune et la flore exotiques: répertorier la nature, l’analyser:
Nous pouvons inventer une fiction, sachant que déjà sur terre, nous avons quantité de civilisations toutes plus fascinantes les unes que les autres. En panne d’inspiration? Je propose de visiter un temps les collections du Quai Branly pour imaginer ce que nos explorateurs pourraient croiser: encore une fois soit préexistant, soit en mélangeant plusieurs réalités entre elles pourquoi pas?
http://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/
Et donc accidents, maladies, avaries ou mauvaises rencontres peuvent faire partie de l’aventure (cf: Tour du monde en 80 jours):
idée d’outil en arts plastiques:
exploiter avant tout le matériel que l’on apprécie, dans sa trousse, celui avec lequel on se sent à l’aise: simples crayons, stylos ou feutres.
Mais peut-être aussi, une solution simple pour aller dans l’esthétique plus proche du carnet de voyage, souvent aquarellé ou à l’encre:
chercher le camaïeux au pinceau à base d’une seule couleur d’encre (par exemple une cartouche bleue de stylo plume déversée dans un verre et diluée? Ou même du café soluble peu dilué dans de l’eau pour travailler à l’ocre/sépia?), dessiner au crayon ou au stylo indélébile à bille par exemple puis placer des ombres, des effets avec le pinceau.
ENFIN ALLEZ OBSERVER DES CARNETS (imprimés en bibliothèque, librairies, sur internet etc):
l’appellation “Urban Sketchers” regroupe un tas de carnettistes à travers le monde, amateurs et professionnels du dessin, ce sont je pense les mots-clé à taper dans les moteurs de recherches internet qui réuniront le plus de variété d’exemples: